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Honorine Makuete se souvient encore des nombreuses pratiques faites sur son fils Archange Kuete, aujourd'hui âgé de 8 ans afin de se libérer de ce « fardeau ». Cette dame dit avoir consulté des marabouts à la recherche de solutions pour le cas de son fils trisomique. C'était sous la pression des membres de sa famille et des connaissances. « Enfant de serpent » ou « enfant sorcier », tels sont les qualificatifs attribués aux personnes atteintes de cette anomalie. « Je suis heureuse de voir mon fils grandir au fil du temps. Après avoir parcouru de nombreux hôpitaux, je constate que son état s'améliore progressivement. C'est vrai que le traitement est cher et long. Mais, l'essentiel c'est de le voir parler. Malgré ce manquement, il est serviable. Certaines personnes m'ont demandée d'aller le laisser au bord de l'eau. Heureusement que mon époux n'avait jamais cru à toutes ces choses », a décrit Honorine Makuete.
Institutrice dans une école publique inclusive, Eveline Solange Djommeugne n'a pas les capacités pour s'occuper des élèves atteints d'anomalies. Elle est parent d'un enfant trisomique de 11 ans. Le garçon présente un retard de langage. « Il n'y a pas des enseignants spécialisés pour tenir ces enfants malades. Nous ne sommes pas vraiment formés pour tenir ces élèves de manière efficace. Dans ma classe, j'ai deux enfants trisomiques. Un autre est sourd-muet. Mais avec ce dernier, il est encore plus difficile puisque je ne maitrise pas le langage des signes pour mieux communiquer avec lui. Nous demandons simplement à l'Etat de nous outiller afin de nous permettre de mieux s'occuper de ces cas », explique-t-elle.
Victimes de stigmatisations sociales, de nombreux parents n'hésitent pas à recourir aux pratiques occultes dans le but de soulager leurs souffrances. Cette thématique était au centre de la campagne de sensibilisation menée à Bafoussam le mercredi 21 juillet dernier par l'association Triso et vie. La journée mondiale dédiée à cette anomalie se célèbre tous les 21 mars. L'édition de cette année a eu pour thème : « Stop aux pratiques occultes sur les personnes porteuses de trisomie ». Cette organisation consacre désormais le 21 de chaque mois à la sensibilisation mensuelle. « Nous avons choisi la ville de Bafoussam afin de militer pour l'intégration et l'amélioration des conditions sociales des trisomiques », justifie Yolande Epee Bwame, présidente-fondatrice de l'association triso et vie. Pour elle, il était question de faire comprendre aux parents des enfants trisomiques que : « contrairement à ce que la société laisse croire, leurs enfants n'ont pas un problème mystique. Ce ne sont pas des serpents » et de les renseigner sur cette anomalie génétique afin d'éviter la fréquentation des marabouts.
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